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Autisme france

Association nationale de familles avec des enfants et adultes autistes

Pourquoi c’est indigne d’utiliser l’adjectif « autiste » comme insulte

L’habitude exécrable de traiter d’« autiste » ceux qui ne se soumettent pas immédiatement à votre vision des choses a longtemps sévi via les médias dans la sphère publique, notamment en politique. Il convient de souligner qu’au niveau national, après des protestations diverses et des excuses parfois officielles, cette habitude a largement cessé. Mais il faut continuer la vigilance, car elle perdure dans les cours de récréation et sur les plateaux de télévision.

Les connaissances scientifiques sur l’autisme sont mieux diffusées et les âneries des charlatans de la psychanalyse qui ont affirmé que la personne autiste choisissait d’être autiste pour se retirer du monde, et que d’ailleurs « l’autiste », comme ils disent irrespectueusement n’est pas une personne, ont été laissées à ceux qui campent sur des délires franco-français qui font de nous la risée du monde entier. A vrai dire, les définitions des dictionnaires, très archaïques parfois, n’aident pas. Ainsi le Larousse au mot autisme : après une définition déjà fausse de l’autisme, on lit : « au figuré, par exagération, déni de réalité qui pousse à s’isoler et à refuser de communiquer, et, particulièrement, d’écouter autrui. » Quand un dictionnaire diffuse des informations erronées, il porte une lourde responsabilité.

L’autisme est un trouble du développement cérébral de l’enfant tout-petit qui se manifeste d’abord par des difficultés majeures dans la communication sociale. Les personnes autistes se heurtent à un environnement langagier et social dont ils ont du mal à repérer les codes culturels, ce qui constitue pour elles une situation de handicap, reconnue par la loi depuis 1996, parfois extrêmement sévère. Réduire une situation de handicap à un travers ou un trait de caractère est inadmissible.

C’est donc une ineptie discriminatoire et diffamatoire de dire que la personne autiste ne veut pas communiquer de manière adaptée avec son environnement social, elle ne peut pas le faire et a très souvent besoin d’aide pour mieux comprendre son environnement mais aussi obtenir que cet environnement s’adapte à sa différence. Traiter une personne d’« autiste » parce qu’elle ne veut pas vous écouter (alors qu’elle peut avoir d’excellentes raisons de ne pas vous écouter), est non seulement insultant et diffamatoire pour la personne visée, mais insultant et diffamatoire pour toutes les personnes autistes, alors que leur trouble est un problème majeur de santé publique et de société, mal pris en compte, avec peu d’aide pour les personnes et leurs familles.

Cette insulte déplacée en dit long sur celui qui l’utilise : la discrimination à l’égard d’une personne handicapée relève du Code Pénal, article 225-1, ce que chacun devrait savoir, les insultes sont punies par la loi, la pauvreté de vocabulaire qui remplace l’argumentation par une insulte ne plaide pas en faveur de celui qui manie l’insulte ; c’est relever d’un trouble psychiatrique, un trouble de la personnalité, que de refuser d’écouter l’autre en imposant de clore l’échange par une insulte. Le trouble n’est donc pas du tout de celui qui se fait traiter d’« autiste », mais de celui qui insulte en traitant l’autre d’ « autiste ».

Les personnes autistes sont vulnérables et méritent notre attention, notre respect de leur différence, et notre soutien pour avoir leur place dans la société.

Danièle Langloys